Analyses 2024
LA TECHNOLOGIE POUR LA MÉDIATION CULTURELLE : COMMENT NE PAS AGRANDIR LA FRACTURE NUMÉRIQUE ?
Par Fanny Seligmann, collaboratrice de l’Association Marcel Hicter
Les expériences muséales et les offres d’expositions ont considérablement évolué ces dernières années grâce aux avancées technologiques. De nouvelles écritures pour la médiation culturelle apparaissent et utilisent de plus en plus les technologies immersives, telles que la réalité augmentée (AR), kinects, table et mur interactif, pour renouveler et enrichir l’expérience des visiteur⸱euses. Cependant, l’intégration de ces technologies pose la question cruciale de la fracture numérique.
Comment les institutions culturelles peuvent-elles utiliser ces outils sans exclure une partie de leur public ?
La destruction du patrimoine culturel lors des conflits armés est un phénomène aussi ancien que la guerre elle-même, dont l’anéantissement quantitatif – c’est-à-dire la quantité accumulée des ruines – paraphrasant Elias Canetti, met en évidence la «qualité» et la puissance de l’ennemi. Aux conflits armés qui persistent dans de nombreuses régions du monde s’ajoutent les impacts du changement climatique, tels que la montée des eaux, la désertification et les événements météorologiques extrêmes. Les pressions liées au développement économique et à l’urbanisation constituent également des défis majeurs. Face aux enjeux contemporains, cette analyse examine brièvement l’évolution des politiques de repérage et de reconstruction des sites culturels endommagés, en observant leurs prémisses historiques, les défis posés par les guerres modernes, et les nouvelles approches développées.
DE LA GRAMMAIRE À L’ENCYCLOPÉDIE : BILAN DE L’ANNÉE DE L’ART NOUVEAU À BRUXELLES
Par Serena Pacchiani, collaboratrice de l’Association Marcel Hicter
L’année 2023 a vu Bruxelles célébrer l’Art Nouveau, mouvement artistique qui a profondément marqué le paysage urbain et culturel du pays au tournant du XXe siècle, sous l’élan conjoint de urban.brussels et visit.brussels. Cette initiative ambitieuse, alliant patrimoine architectural, histoire de l’art et culture populaire, a offert une vision kaléidoscopique de cet héritage, oscillant entre approche didactique et exploration encyclopédique. De l’exposition «La Grammaire d’Horta» à la mise en valeur du célèbre Palais Stoclet, en passant par des joyaux méconnus tels que la «nouvelle» Maison Hanon (de Paul Hankar), dont sa restauration et réouverture marquent le panorama bruxellois, ou la Maison Cauchie (de Paul Cauchie), cette année thématique a permis de revisiter ce patrimoine sous des angles multiples et parfois inédits.
LES CAPITALES DE LA CULTURE SOUS LE SPECTRE GÉOPOLITIQUE DU « CULTOURISM »
Par Serena Pacchiani, collaboratrice de l’Association Marcel Hicter
Depuis sa genèse en 1985, sous l’impulsion de Melina Mercouri, alors ministre grecque de la Culture, le programme des Villes européennes de la culture (nommées par la suite Capitales) a connu une métamorphose significative, reflet des mutations profondes des politiques culturelles et du rôle de la culture dans le développement urbain et économique européen. Cette évolution soulève la question de la transformation progressive de ce label, initialement conçu comme un vecteur de relance culturelle et de promotion de la diversité européenne, en un phénomène de «cultourism» – néologisme fusionnant culture et tourisme – répondant davantage à des logiques économiques et d’attractivité territoriale.
L’ÉCOLOGISATION EN PLEIN ESSOR. IMPLICATIONS POUR LA CULTURE
Par Carlotta Scioldo, collaboratrice de l’Association Marcel Hicter
En 2019, la Commission européenne a lancé le Green Deal européen, une stratégie de transformation visant à parvenir à un continent climatiquement neutre d’ici 2050, avec le potentiel de renouveler le récit du processus d’intégration. Pour atteindre cet objectif ambitieux, la Commission a introduit un ensemble d’outils complémentaires, notamment des mécanismes de financement, des événements et des initiatives symboliques. Dans le cadre de ces initiatives, le New European Bauhaus (NEB) a été conçu pour diffuser les principes du Green Deal auprès d’un public plus large.
Par Jordi Baltà Portolés, collaborateur de l’Association Marcel Hicter
Le paysage culturel international est aujourd’hui clairement marqué par des déséquilibres. Pour n’en citer que quelques-uns : de grandes organisations et plateformes culturelles et médiatiques coexistent avec de petites initiatives culturelles, qui s’appuient souvent sur leur créativité tout en menaçant leur continuité ; des cultures et des langues majoritaires et minoritaires coexistent aux niveaux national et régional, en raison des processus historiques de construction des institutions et des nations (…)
REGARDS CROISÉS SUR LA NOTION DE CHORÉGRAPHE EN AFRIQUE
Par François Bouda, collaborateur de l’Association Marcel Hicter
Le secteur culturel occidental, et plus particulièrement le secteur belge francophone, est friand de produits et services culturels et créatifs étrangers. La présence de productions étrangères est une chose habituelle dans le programme de n’importe quel centre culturel, théâtre ou espace de danse. Cependant, les conditions de production derrière chaque œuvre présentée dans nos lieux culturels sont différentes, qu’il s’agisse de créations d’autres pays tels que la France, la Suisse, les États-Unis, ou de pays du Sud. Cette analyse tente d’éclairer de manière critique les conditions de production, en Afrique afin de mieux cerner les contours et de porter un regard sur les métiers culturels de ce continent dont les productions sont « consommées » en Belgique sans que le public ne sache réellement quelles sont les conditions de travail, la protection (ou non-protection) des travailleurs de la culture et des auteurs qui en sont à l’origine.
LA DIFFICILE ÉQUATION DE LA RESTAURATION DE LA MÉMOIRE DANS LE MONDE POSTCOLONIAL
Par Stéphanie Dongmo et Vanessa Bassale, collaboratrices de l’Association Marcel Hicter
Au Cameroun, le passé est encore douloureux. La plupart du temps, vieux et jeunes choisissent de ne pas en parler. La traite négrière, la colonisation et la guerre d’indépendance ont laissé des traces indélébiles dans l’esprit de ceux qui, dans un premier temps, en ont fait les frais. Cependant, depuis quelques années, la question de la mémoire s’impose avec force dans l’actualité et même dans les débats. Pour l’aborder, le gouvernement camerounais a opté pour l’approche qui consiste non à remuer le couteau dans la plaie en mettant les projecteurs sur les parties encore obscures de l’histoire, mais plutôt à rendre hommage aux acteurs importants de cette période.
SOUTENIR LA DEMANDE POUR LES ARTS ET LA CULTURE: FAVORISER L’ACCESSIBILITÉ
Par Charles Vallerand, collaborateur de l’Association Marcel Hicter
Comme on l’a vu dans mon texte précédent, le passeport culturel offert aux jeunes Italiens, Français, Espagnols, Allemands et Québécois (prochainement) permet d’abaisser la principale barrière à l’entrée de la pratique culturelle : le prix. Une tarification modulée de l’offre culturelle est probablement la mesure de soutien de l’offre la plus utilisée, aussi bien par les gouvernements que par les opérateurs culturels et les artistes eux-mêmes (par exemple en rendant toute leur production accessible gratuitement en ligne, en espérant qu’une notoriété grandissante leur permettra de la monétiser ultérieurement). Voici un échantillon très partiel des mesures les plus répandues.