Analyses 2022

COMMENT S’ENGAGER DANS LES RELATIONS CULTURELLES INTERNATIONALES

Par Avril Joffe, collaboratrice de l’Association Marcel Hicter

On a beaucoup écrit sur ce que sont les relations culturelles internationales, sur les raisons pour lesquelles il est vital pour les organisations de s’y engager (améliorer l’espace public local, briser les silos géographiques ou linguistiques, permettre des rencontres pour l’interaction, l’apprentissage par les pairs et la mise en réseau, renforcer l’action des acteurs locaux), mais on a beaucoup moins écrit sur les défis qui émergent lorsqu’on s’engage dans les relations culturelles internationales. Dans cette analyse, j’examinerai six domaines dont il faut être conscient lorsqu’on s’engage dans des relations culturelles internationales. Pour ce faire, je m’appuie fortement sur l’équipe d’experts qui a développé la boîte à outils EUNIC Not a Toolkit.

Cet article est un aperçu d’une recherche visant à mettre en valeur les diverses typologies et structures de l’économie supposée alternative, avec une attention particulière portée au secteur des arts vivants. Les formes imprévues que le Pay Whay You Can peut engendrer dans les organisations du secteur marchand et non-marchand, ainsi que la vitesse de son expansion planétaire, de son application, et de son abandon font de cette contribution un outil en évolution permanente.

« LEARNING FROM KUNSTENFESTIVALDESARTS »

Par Serena Pacchiani, collaboratrice de l’Association Marcel Hicter

Le printemps s’achève à Bruxelles, et avec lui le KunstenFestivalDesArts, qui a récemment fermé les portes de ses événements pluriels. La clôture de la vingt-huitième édition du KFDA marque un succès de trois semaines (du 11 mai au 3 juin 2023) qui ont affiché complet pour tous les spectacles, les événements, les ateliers proposés. Avec la présence de 51 artistes de 28 pays différents, dont 28 femmes, et 28 000 billets réservés au total – heureuse coïncidence numérique– le festival a dévoilé la puissance polyphonique, de plus en plus multiculturelle, de plus en plus multilingue, de plus en plus nomade, du langage artistique.

RESTITUTION DU PATRIMOINE AFRICAIN. LA QUESTION VUE « DE L’AUTRE CÔTÉ »: LE CAMEROUN SE DÉPLOIE

Par Stéphanie Dongmo et Vanessa Bassale, collaboratrices de l’Association Marcel Hicter

Le 12 juin 2023, dans une vidéo devenue virale sur les réseaux sociaux, on peut voir Nabil Njoya, l’actuel sultan roi des Bamoun s’asseoir, avec solennité, sur le trône royal de son arrière-grand-père exposé dans un musée en Allemagne depuis plus de 115 ans. « S’il est avéré que ce trône appartient au peuple Bamoun de l’Ouest Cameroun, pourquoi ne pas le ramener à Foumban ? », s’interroge naïvement un internaute. La question est logique mais la réponse complexe car elle remet au goût du jour le débat sur la restitution des objets d’art exportés illégalement.

RÉFLEXIONS SUR LA DIVERSITÉ DES EXPRESSIONS CULTURELLES

Par Charles Vallerand, collaborateur de l’Association Marcel Hicter

Je suis curieux de nature. La diversité me fascine. Le génie de la créativité humaine aussi. Je trouve un plaisir inépuisable à faire l’expérience de l’infinie diversité des expressions culturelles qui font la richesse du patrimoine de l’humanité. Je me rallie sans réserve à l’article premier de la Déclaration universelle de l’UNESCO pour la diversité culturelle adoptée en 2001 « (…) la diversité culturelle est, pour le genre humain, aussi nécessaire qu’est la biodiversité dans l’ordre du vivant ». Je suis bien d’accord.

LES INDUSTRIES CULTURELLES DU SUD PERCENT-ELLES L’ÉCOSYSTÈME NUMÉRIQUE ACTUEL ?

Entrevue avec Charles Vallerand, collaborateur de l’Association Marcel Hicter

Comment les industries culturelles des pays du Sud global composent avec l’écosystème numérique actuel ?

C’est un peu compliqué. Les industries culturelles et créatives ont une définition très variable. L’organisation mondiale de la propriété intellectuelle (OMPI) a sa propre définition, l’UNESCO en a une autre, la Banque mondiale aussi…  Globalement, les industries culturelles, c’est une notion de pays développés. Dans les pays en voie de développement, la culture est vécue. Par le chant, la danse, le théâtre… C’est nous, les pays développés, qui avons été les premiers à avoir l’idée de faire de l’argent avec ça, à y mettre de la propriété intellectuelle. Mais dans beaucoup de coins du monde, la culture n’est pas une industrie, c’est un vécu.

Il semblerait contradictoire de parler des intelligences artificielles dans le secteur culturel et des industries créatives sans les expérimenter, ou du moins sans avoir exploité leurs potentialités. Or, sans trop d’appréhension mais néanmoins avec quelques hésitations, on saisit l’occasion de l’écriture de cette chronique pour un brainstorming virtuel avec l’outil le plus à la page parmi les machines issues du développement du langage de l’IA: ChatGTP.

CULTURE ET DÉCENTRALISATION. UN CAS INSPIRANT: LES CHEFFERIES DU CAMEROUN

Par Stéphanie Dongmo et Vanessa Bassale, collaboratrices de l’Association Marcel Hicter

Au Cameroun et surtout dans les Grassfields, le roi d’un peuple est un être choisi, mis à part par les ancêtres pour présider aux destinées d’une communauté précise. Selon les régions et localités, il se nomme Fo, Mfon, Lamido, Sultan ou simplement chef. En général, le chef tire son autorité de sa légitimité. Il est le garant des traditions qu’il a la responsabilité de perpétuer. A cause de cela, le roi exerce une forte influence morale et spirituelle sur ses administrés. Force est de constater que cette influence se perd, aidée en cela par le pouvoir exécutif, sous l’effet de la « fonctionnarisation » des chefs traditionnels et ensuite, de la décentralisation. Le pouvoir de la chefferie traditionnelle s’arrête désormais là où commence celui de l’État.

LES MÉTIERS ADMINISTRATIFS DANS LES ARTS DE LA SCÈNE EN AFRIQUE, LE CHAÎNON FRAGILE ?

Par François Bouda, collaborateur de l’Association Marcel Hicter

« J’estime que le professionnalisme de Jules Beco n’est pas pour mon niveau actuel ». Ce serait là le motif avancé par le rappeur Suspect 95 pour justifier sa séparation d’avec son ancien manager Jules Beco. Ces allégations relayées par la presse ivoirienne, à l’occasion de la sortie du premier album de l’artiste, ont enflammé la toile au mois de mai 2023. Réagissant à cette polémique, Jules Beco fera une publication tendancieuse sur son compte Facebook qui mettra le feu aux poudres : « De toute mon existence, je ne tendrai plus jamais la main à un artiste en herbe ». Je vous fais ici l’économie de la bataille de tranchées qui s’en est suivie, mettant en scène les deux protagonistes et leurs laudateurs respectifs.

On pourrait penser que présenter un projet participatif à un ou plusieurs groupe(s) pour leur permettre une ouverture culturelle nouvelle est un non-sens, en ce que la participation reste limitée à l’exécution d’un plan de travail préparé en amont par l’institution seule. Alors comment dépasser en pratique la dichotomie entre le critère d’inclusion nécessaire pour les institutions culturelles et une démarche qui est parfois elle-même loin d’être inclusive ?                Les observations qui suivent sont le fruit de l’observation et de l’évaluation d’une expérience participative à grande échelle et des écueils rencontrés par la structure porteuse.

Il existe en Europe un assez large consensus autour du rôle de la culture et des politiques culturelles comme un moyen d’appréhender les transformations sociales, économiques, démographiques, climatiques, sanitaires et technologiques auxquelles sont confrontés les individus et les communautés. Un certain nombre de documents politiques européens depuis le premier Agenda européen pour la culture en 2007 et d’initiatives telles que les Capitales Européennes de la Culture, reconnaissent l’importance de la culture pour la prospérité sociale et économique de l’Europe et de ses habitants.

LA MÉDITATION POUR FAIRE FACE AUX MICRO-AGRESSIONS QUOTIDIENNES

Par Anne Wetsi Mpoma, collaboratrice de l’Association Marcel Hicter

L’idée de cet article est inspirée par le film documentaire : Les effets de la méditation sur la santé vus par la science produit par ARTE TV en 2017. L’objectif ici est de montrer comment les personnes racisées soumises à un degré de stress plus intense que les autres dans le monde occidental, bénéficieraient à inclure cette pratique dans leur vie quotidienne.  Je me suis initiée à la pratique de la méditation Mindfulness ainsi qu’à d’autres techniques il y a une vingtaine d’années et jai enseigné le yoga de 2005 à 2017. En Belgique, contrairement aux Etats-Unis, on prend seulement conscience des effets du racisme structurel sur la santé depuis quelques années. Et on rencontre encore trop peu de personnes qui font appel à cette pratique pour surmonter les difficultés quotidiennes liées à la race.

EXIGENCES ENVIRONNEMENTALES DANS LA CULTURE: ENTRE GREENWASHING ET ADAPTATION NÉCESSAIRE

Par Clémentine Daubeuf, collaboratrice de l’Association Marcel Hicter

Le rapport de synthèse du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) publié le 20 mars 2023 alerte une fois de plus sur l’accélération du réchauffement climatique lié aux émissions de gaz à effet de serre par les activités humaines. Selon ce rapport, et ceux qui l’ont précédé, conserver un monde vivable implique de réduire immédiatement et considérablement les émissions dans tous les secteurs. La culture ne fait pas exception.

VALIDISME DANS LA CULTURE

Par Clémentine Daubeuf, collaboratrice de l’Association Marcel Hicter

En 2020 et 2021, la nécessité liée à la crise sanitaire de limiter les contacts a poussé les organisateurs à imposer temporairement d’assister aux concerts et festivals assis. Une expérience qui n’a pas plu à tout le monde et a vu naître le hashtag #festivalsdebout pour demander le retour d’une expérience culturelle considérée comme atteinte par l’obligation de rester assis. Cette réaction a provoqué l’indignation de personnes handicapées et a jeté un nouveau coup de projecteur sur le validisme à l’œuvre dans tous les aspects de la vie quotidienne et donc dans la vie culturelle : “En fait là t’es entrain de vivre l’expérience des personnes handicapées qui le vivent tout le temps d’être assis.”

POUR UN FAIR TRADE CULTUREL

Par Frédéric Jacquemin, directeur de l’Association Marcel Hicter

Nous prenons comme point de départ une actualité cinématographie, le film Black Panther II pour illustrer le fait que les expressions culturelles issues des pays du Sud forment une part significative des biens et services créatifs diffusés et consommés en Europe. L’accès à la créativité du Sud est rendu possible grâce notamment  à l’action de coopération culturelle entre pays du Nord et ceux du Sud.  Alors que chacun d’entre nous sait plus ou moins ce qu’il achète lorsqu’il se procure un bien issu du commerce équitable, personne ne réalise pleinement la portée de son acte de consommation lorsqu’il assiste à une production culturelle du Sud.