Analyses 2023
EN EUROPE, LES VILLES ACTRICES DE LA DÉCOLONISATION DE LA CULTURE
Par Clémentine Daubeuf, collaboratrice de l’Association Marcel Hicter
En mai 2023, le musée de l’Amérique de Madrid changeait de directeur avec pour mission de poursuivre la décolonisation du musée, pendant que le documentaire White Balls on Walls de Sarah Vos qui suit les équipes du musée Stedelijk d’Amsterdam dans leur transition vers un musée plus inclusif était projeté au Film Forum de New York. À Bruxelles, l’Hôtel van Eetvelde, chef d’œuvre d’art nouveau réalisé par Victor Horta pour le secrétaire général de l’État indépendant du Congo ouvrait ses portes au public.
Cette actualité décoloniale liée à la culture et au patrimoine ne reflète cependant pas un phénomène récent. Toutes les nations occidentales sont aux prises avec un passé et un héritage lié à la traite transatlantique et à l’impérialisme.
COMMENT VÉRIFIER L’ÉQUITÉ DANS LA GESTION DES RELATIONS CULTURELLES INTERNATIONALES ?
Par Avril Joffe, collaboratrice de l’Association Marcel Hicter
Il est bien entendu que la gestion des relations culturelles internationales doit être équitable. Nous avons décidé d’analyser ce que signifie la notion d’équité dans le contexte d’un monde instable, incertain, complexe et ambigu, caractérisé par un équilibre inégal des pouvoirs et par de graves inégalités et injustices qui remontent au passé mais persistent dans nos modes contemporains de connaissance et d’action. Dans ce contexte, l’équité est un synonyme ou un raccourci pour l’adoption de relations culturelles authentiques qui éclipsent les dichotomies de pouvoir et promeuvent le potentiel de la culture pour le développement.
LES INDUSTRIES CULTURELLES À HAUT RISQUE. L’IMPORTANCE DE GESTIONNAIRES DE TALENT.
Par Charles Vallerand, collaborateur de l’Association Marcel Hicter
Ceux et celles qui auront lu mon dernier article sur les industries créatives et culturelles ne seront pas surpris d’apprendre que j’ai un parti pris pour les industries culturelles. Autant le concept des industries créatives est nébuleux, autant celui des industries culturelles a le mérite d’être clair. Les expressions de culture soumises à la transformation industrielle sont relativement simples à identifier. Leur commercialisation repose sur la mise en structuration d’une chaîne de valeur – de l’idéation à la consommation – permettant aux flux financiers d’être redistribués à chacun des intervenants. Sans cette rémunération, il ne peut y avoir de développement durable.
LES ICC: UN BUFFET CHINOIS. DE TOUT, POUR TOUS
Par Charles Vallerand, collaborateur de l’Association Marcel Hicter
La Convention de 2005 sur la protection et la promotion de la diversité des expressions culturelles reconnaît le droit des Parties à “(…) formuler et mettre en œuvre leurs politiques culturelles et d’adopter des mesures pour protéger et promouvoir la diversité des expressions culturelles ainsi que pour renforcer la coopération internationale afin d’atteindre les objectifs de la présente Convention.” (Article 5, 1), mais ne donne aucune définition précise ni de liste de ce que constitue une expression culturelle, ce qui est heureux car les formes par lesquelles s’expriment les expressions culturelles naissent avec les développements technologiques et la créativité humaine. L’art numérique, la création assistée par l’intelligence artificielle ou encore l’art de rue en étaient à leur premier balbutiement en 2005.
LA BRIGADE ANTI SARDINARDS – QUAND LA POLITIQUE S’EN PREND À L’ART
Par Stéphanie Dongmo et Vanessa Bassale, collaboratrices de l’Association Marcel Hicter
Porté par des Camerounais de la diaspora, ce mouvement de revendication, après les politiques et les chefs traditionnels, appelle au boycott des artistes considérés proches du parti au pouvoir hors du Cameroun. La Belgique comme d’autres pays européens, est touchée par ce mouvement activiste alors que l’origine du problème combattu par celui-ci se situe en dehors. Cette analyse se propose d’examiner les causes de ce mouvement et ses actions. Elle souligne par ailleurs l’intrication grandissante entre la sphère culturelle et les politiques africaines et européennes du fait de la présence d’une diaspora de plus en plus militante.
LA CULTURE EST-ELLE UN LUXE EN AFRIQUE ?
Par François Bouda, collaborateur de l’Association Marcel Hicter
Cette analyse porte sur les raisons de la situation précaire du secteur de la culture en Afrique. Toutefois, la nature globale des phénomènes incite à la réflexion sur notre écosystème culturel en Belgique francophone. La mondialisation de la production de biens et services culturels n’est pas moins dangereuse pour nous qu’elle ne l’est pour les états africains. Certes, ces derniers sont en proie à des difficultés économiques et sociales d’un autre ordre, ce qui pourrait justifier le fait que la culture soit « le moindre de leur souci ». Cependant en Belgique, alors que la situation est largement moins préoccupante, c’est le même argument qui est employé pour refuser d’inclure la culture comme priorité de l’action publique. L’analyse qui suit décrit une situation plus proche de la nôtre qu’on ne pourrait le croire. A bien des égards, elle fait aussi office de mise en garde.
LA SOUVERAINETÉ DES ÉTATS MISE À MAL PAR LES GAFAM
Par Charles Vallerand, collaborateur de l’Association Marcel Hicter
Dans la série américaine Boston Justice, avant d’accepter un dossier, les avocats se demandaient à combien pourrait se chiffrer la réclamation à en juger par les moyens financiers de la partie adverse. Règle générale, et ils refusaient de prendre le risque de poursuivre une partie adverse peu solvable sauf pour des dossiers leur permettant de s’illustrer en faisant progresser le droit par une nouvelle jurisprudence. Les grandes multinationales du Web connues sous l’acronyme de GAFAM — Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft – ont les poches profondes. Elles pratiquent l’optimisation fiscale et dégagent des profits en croissance forte leur permettant d’étendre leur position dominante. Elles sont la cible des industries culturelles et des médias dont les sources de financement – aides publiques, revenus publicitaires, droits d’auteur – stagnent ou déclinent depuis des années face à cette concurrence redoutablement efficace et insaisissable, étant délocalisée et dématérialisée.